Écrivain, peintre, metteur en scène

L’Inquiétude

Création mai 2000 Reprise prévue en 2002 / 2003
La Compagnie Jean qui Cloche
138, Bd de Waterloo
1000 Bruxelles

Mise en scène Daniela Bisconti, Pietro Pizzuti
Conception et interprétation Magali Pinglaut, Laurence Vielle
   
Vie, je t’ai tolérée morte trop longtemps.

C’est l’histoire de Jean qui Cloche. il découvre
l’espace de la parole, il se découvre avec un trou au milieu
où passe la parole. Il parle à ceux qui ne répondent
pas, les animaux, alors il raconte sa vie, traversée par la parole
qui le parle.

Que faire d’une vie avant la mort.

Jean qui Cloche triture, énonce, dénonce
la parole. Il veut saisir le lieu qui le tient debout, qui le sépare
de ceux qui ont tout rendu à la terre même l’esprit.

Alors je me suis assis, et j’ai dit aux pierres : l’action est maudite.

Quelques mots écrits après le spectacle

"Avant tout, l’envie, l’en-vie, de dire, de vous dire,
que d’avoir été traversées par la parole de Novarina,
c’est d’avoir découvert combien elle est un hymne à la
vie, à l’en-vie, au désir inverse de ceux qui auraient
choisi " de tout rendre à la terre même l’esprit".
C’est éprouver jouissivement que la parole nous tient debouts,
cette parole qui vient d’avant nous et va après nous.

Désespérée, enivrante, mathématique, neuve,
prophétique, enfantine, mais toujours tentative de se frotter
à ses limites, de les repousser, cette langue nous a fait entendre
combien nous étions détenteurs, intimes joueurs, de nos
prises de parole.
L’Inquiétude n’est pas un texte vide, ou juste un pur verbalo-poétique...
C’est une magistrale inquiétude, celle d’être debouts avec
cette parole qui nous traverse et d’éprouver cela, d’abord cela,
juste cela, tout cela. C’est drôle. C’est tragique.
C’est une parole urgente qui prend l’énorme risque de toucher
le vertige de ses limites.
Irrationnel ? Oui. Ou follement rationnel, si on dit que "ratio" serait
cette tentative magnifiquement humaine d’essayer d’être adéquat
avec le monde, nous et notre parole, essayer d’être adéquat
à l’intérieur, avec cet outil "langage", intrinsèquement
abstrait et inadéquat. Essayer de rencontrer l’extérieur,
de le parler, tout essayer, jusqu’à saluer l’autre comme une
réponse à la fondamentale inadéquation de notre
langage face au monde.
Parce qu’après tout, je, oui, et tu, et toi, oui. Bonjour.

Laurence Vielle