Écrivain, peintre, metteur en scène

Biographie

Valère Novarina, né à Genève, est le fils de Manon Trolliet, comédienne, sœur du poète Gilbert Trolliet, et de Maurice Novarina, architecte. Il passe son enfance et son adolescence à Thonon-les-Bains, sur la rive française du Léman.

1936 - fin des travaux à Trécout

1948
— Premier séjour à Trécout, alpage situé à 1 200 mètres, au-dessus de Thonon.
— Octobre. Assiste à une représentation de L’Ours de Tchékhov. Au lever de rideau, voit sa mère apparaître en costume de veuve.

1949
— Vit une année en pension à Morzine, chez madame Marullaz.
— Premiers écrits « scientifiques » dissimulés sous des pierres dans la montagne.

1952
— Passe une année de préventorium à Leysin et déclare à ses camarades de chambre qu’il sera acteur ou poète.

1954
— Septembre. Rédige ses premiers écrits littéraires à la suite d’une vision éprouvée en écoutant une sonate de Beethoven avec le casque de son poste à galène. Dès lors, ne cesse d’écrire, mais s’en cachera jusqu’en 1966.
— Visite au peintre Constant Rey-Millet, cousin germain de son père, dans son atelier de La Tour-en-Faucigny.

Manon Novarina à Trécout
Manon et Maurice Novarina

1956
— Débuts d’acteur dans le rôle de Sganarelle du Médecin malgré lui.
— Lit les Pensées de Pascal et en écrit une réfutation sur un carnet vert.

1957
— Mai. Joue le rôle de Picrochole dans une adaptation de Rabelais.
— Écoute quotidienne de L’Art de la fugue et des Cantates de Bach.

1958
— Joue dans La Mégère apprivoisée de Shakespeare mise en scène par sa mère.

1959
— Louis Moynat, architecte lettré, lui fait lire Lautréamont, Cendrars et Arthur Cravan.

1960
— Assiste pendant dix jours aux répétitions du Soulier de Satin mis en scène par Hubert Gignoux.

1961
— Séjour à Ouatapan dans la maison de François Ducret, dit « Fanfoué le Piot ». Début de l’intérêt pour le patois savoyard.
— Lectures : Délie, Ulysse, Nouvelles impressions d’Afrique, Mallarmé.

1962
— Correspondance avec Samuel Beckett.
— Voyage au Mexique.

1963
— Commence à étudier la philosophie, la philologie et l’histoire du théâtre à la Sorbonne.
— Lecture de la Divine Comédie pendant six mois.
— Ascension de l’Etna et du Stromboli.

1964-1965
— Lit tout Artaud à la Bibliothèque Nationale. Rédige un mémoire, Antonin Artaud, théoricien du théâtre, et présente une communication sur la mise en scène des Cenci, d’après un registre tenu par Roger Blin et consulté chez Paule Thévenin.

1966 et 1967
— Premier envoi d’un texte : donne L’Enfant armé à Bernard Dort.
— Étés. Voyages à pied dans les Alpes avec Clément Rosset et François Ribes, puis avec Jean Chapuis et Maurice Trabichet.

1968
— Mai. Assistant d’Antoine Bourseiller, de José Guinot, de Jean-Pierre Dougnac.
— Sillonne plusieurs fois Paris en mobylette de la Sorbonne à Billancourt.
— Hiver. Commence des recherches pour une thèse de troisième cycle : L’Espace et la Musique, selon Adolphe Appia.

1970.
— Donne L’Atelier volant à Roland Barthes.

1971
— Hiver. Au festival de Timgad, joue le rôle d’Amyntas dans Héraclius de Corneille mis en scène par Marcel Bozonnet et Jean-Marie Villégier avec Roséliane Goldstein et Christian Rist.

1972
— 27 janvier. Enregistrement à Radio France de L’Atelier volant avec Marcel Maréchal et Tsilla Chelton. La diffusion, interdite par Jacques Sallebert pour des raisons politiques, aura finalement lieu en juin 1973.
— Été. Voit de nombreux spectacles : cirque, opérettes, nô, bunraku. Projette d’écrire sur Louis de Funès qu’il découvre dans Oscar.
— Premier voyage à Bayreuth avec François Regnault.
— Novembre. A Sainte-Anne, assiste clandestinement aux présentations de malades du docteur Lacan et du docteur Daumézon.
— Rencontre Roger Blin avec qui il se lie d’amitié.

1973
— Mai. Tente de publier Le Babil des Classes dangereuses. Sans succès.
— 23 juin 1973. Dans l’atelier de Jean-Marie Villégier, rue Lamartine, donne une lecture intégrale du Babil, de 15 h 30 à 22 heures.
— Été. Séjour à Trécout. Leçons de patois avec Aimé Stehlin et François Ducret.

François Ducret, philologue

1974
— Hiver. Après avoir été écarté des répétitions de L’Atelier volant que Jean-Pierre Sarrazac met en scène, distribue une Lettre aux acteurs aux comédiens.
— Continue à être refusé par tous les éditeurs.
— 1er mai. Jean-Louis Schefer lui conseille d’envoyer Le Babil des classes dangereuses à trois revues : L’Énergumène, Ça cinéma, TXT.

1975
— 27 juin. Marcel Maréchal lui commande une pièce d’après les deux Henri IV de Shakespeare. Falstafe sera créé au Théâtre du Gymnase à Marseille en 1976.
— Juillet. Apprentissage de l’alphabet hébreu.

1976
— 12 mars. Naissance de Virgile Elie Daniel Novarina, fils de Roséliane Goldstein et de Valère Novarina.
— 7 octobre. Jean-Noël Vuarnet dépose Le Babil des classes dangereuses chez Christian Bourgois qui le publiera en 1978. Suivra La Lutte des morts en 1979.

1979
— Au café Le Pré aux clercs, longue conversation avec Philippe Sollers qui publie l’année suivante un extrait du Drame de la vie dans Tel Quel.

1980
— 6 janvier. Lecture de la Lutte des morts à la Revue parlée de Blaise Gautier.
15 mars. Dans le studio 110 de la Maison de la radio, première des quatre séances d’enregistrement du Théâtre des oreilles.
— 2 avril. Première des cinq « dessinations » : dans la Galerie MEDaMOTHI à Montpellier, de 5 h 28 à 18 h 21, exécute 455 dessins à l’encre de Chine et au crayon rouge.

1981
— 19 août. Naissance à Thonon de David Théodore Maurice Gilbert Novarina, petit-fils et arrière petit-fils de Maurice Novarina, Manon Trolliet, Joseph Novarina, Daniel Trolliet, Anaïs Detruche, Alice Clottu, Szulem Goldsztejn, Esther Kaufmann, Berich Goldsetejn, Rachel Rothstein, Zéilik Kaufmann, Ruchla Frydman.
19 et 20 mai. Pour Catherine Thieck, s’apprête à peindre Soixante peintures dans la nuit dans les couloirs du métro Alma-Marceau. refus de la RATP.

Berich Goldsztejn
Daniel Trolliet au combat, à gauche

1982
— 19 janvier. Epouse Roséliane Goldstein. Témoins : Alain Borer et Alain Gauvin.
— 18 mai. Première des onze visites à Jean Dubuffet. Début d’une correspondance par pneumatiques.
— Salle Yves Toudic, à Paris, récital Mordechai Gebirtig. Rencontre Leile Fischer et Léon Spigelman du Théâtre yiddish de Paris.

1983
— 5 et 6 juillet. A la Rochelle, dans la Tour Saint-Nicolas surmontée du néon bleu 2587, dessine les 2587 personnages du Drame de la vie.

1984.
— Publication du Drame de la vie par Paul Otchakovski-Laurens, qui devient son éditeur.

1985
— Alain Crombecque l’invite à présenter un spectacle au Festival d’Avignon. Ne trouve aucun metteur en scène pour monter le Drame de la vie. La comédienne Laurence Mayor le persuade de le faire lui-même.
— Février. Lit intensivement madame Guyon et Bossuet.

1986
— 26 avril. A Avignon, au Grenier à sel, peint en rouge et en blanc sur fond noir le décor du Drame de la vie.
— 13 juillet. Création mouvementée du Drame de la vie au Théâtre Municipal d’Avignon. Première collaboration avec l’acteur Pascal Omhovère et avec Joël Hourbeigt à la création lumières.
— 19 septembre. André Marcon crée la première partie du Discours aux animaux au Théâtre des Bouffes du Nord.
— 18 novembre. Création du Repas par Claude Buchvald. Première rencontre avec le musicien Christian Paccoud.

1988
— Filme les yeux de Roséliane Goldstein et de Michel Baudinat et peint douze peintures mouvantes sur palette graphique pour son exposition Vue négative au festival des arts électroniques de Rennes. L’installation sera reprise sous le titre La lumière nuit à la Galerie de France en 1990.
— 21 août. Au retour d’un déjeuner avec Jean-Luc Godard à Nyon, termine sur le bateau la lecture des Confessions de saint Augustin.

1989
— 13 juillet. Début de la collaboration avec les acteurs Dominique Parent et Daniel Znyk, qui jouent dans Vous qui habitez le temps à Avignon.

1990
— 29 juillet. Avec ses fils, Virgile et David, se rend à l’église Saint-Thomas de Leipzig.

1991
— A Bruxelles échange l’une de ses peintures, Melchisédech, contre dix pages manuscrites de Bossuet.
17 septembre. Création de Je suis au Théâtre de la Bastille. Première collaboration avec le scénographe Philippe Marioge.

1992
— Lit le De Trinitate pendant deux mois.

1993
— Septembre. Enregistre Gugusse de la Loterie Pierrot à la foire de Crête.
— 8 décembre. Reçoit de Jean-Luc Marion quelques conseils pour récolter des définitions de Dieu.

1994
— Février. Brise devant son fils David effrayé un poste de télévision.

1996
— Lit toutes les œuvres de Charles-Albert Cingria.
— 13 septembre. A Thonon, dirige une lecture des Torrents dans le cadre d’un colloque sur madame Guyon qu’il organise avec Pierre Caran.

1999.
2 août. A Vevey, assiste à La Fête des vignerons, fête vaudoise quadri-séculaire, en compagnie de sa mère qui en aura vu quatre.
15 décembre. Istanbul. Dans Sainte-Sophie croit trouver les principes de mise en scène de L’Origine rouge.
— 17 décembre. Séjour à Konya pour le rassemblement des derviches.

2000
— Sur la base aérienne 105, à Évreux, peint pendant une semaine le décor de L’Origine rouge. Création de la pièce au Festival d’Avignon. Première collaboration artistique avec Céline Schaeffer.

2002
— « L’île du nô », intervention au colloque Zéami à Tokyo.
Septembre. Séjour au Mont Athos.

2006
— A l’invitation de Marcel Bozonnet, entre au répertoire de la Comédie-Française avec L’Espace furieux qu’il met lui-même en scène.

2007
— Crée L’Acte inconnu dans la cour d’honneur du Palais des Papes.

2008
Avril. Retrouve la famille Novarina dans la Valsesia. Son arrière-grand-père, Paolo Novarina, avait traversé les Alpes à pied vers 1860 pour travailler en Suisse, puis dans le Jura. Premier séjour au Sacro Monte de Varallo.
— Séjour à sainte Catherine du Sinaï en compagnie de Constantin Bobas.
— Juin. Donne un prologue, Je, tu, il, à Michaël Levinas qui lui avait proposé d’écrire les paroles d’un opéra à partir de La Métamorphose de Franz Kafka.
— Été. Visite de la maison de Nietzsche à Sils Maria avec Marco Baschera.

La Parole portant une planche - Sacro Monte de Varallo
Le Mont Sinaï

2009
— Au théâtre Csokonai de Debrecen, met en scène avec Adelaïde Pralon, L’Opérette imaginaire en hongrois dans une traduction de Zsófia Rideg.

2011
— En écho à la création du Vrai sang à l’Odéon-Théâtre de l’Europe, organisation par Jacques Le Ny, Marco Baschera et Constantin Bobas d’un premier atelier public, La République des traducteurs, où tous ses traducteurs sont réunis.

Atelier du Vrai sang

2012
— Séjour à Berlin pour Dem Unbekannte Gott, première des quatre créations radiophoniques réalisées par Leopold von Verschuer, qui a également traduit en allemand une dizaine de ses œuvres.

2013
Novembre. Invité par Guy Régis, séjourne en Haïti où il travaille avec huit acteurs de l’Enarts. Rencontre chaleureuse avec Frankétienne.

2014
— Second séjour au Japon à l’occasion de la traduction en japonais de L’Origine rouge par Thierry Maré.

2015
— Met en scène avec Céline Schaeffer, la version haïtienne de L’Acte inconnu.

2017
— Le musée d’art moderne et contemporain des Sables d’Olonne lui consacre une grande exposition, Disparaître sous toutes les formes, reprenant peintures, dessins et travaux sur palettes graphiques.
— Septembre. A l’invitation de Wajdi Mouawad, crée L’Homme hors de lui au Théâtre de la colline.

2019
— Jean Bellorini, invité au Festival d’Avignon, projette de créer un spectacle à partir de L’Orféo de Monteverdi, et lui propose d’en écrire le texte.

2020-2021
— Annulation du Festival d’Avignon. Le Jeu des Ombres, mis en scène par Jean Bellorini, est créé à La FabricA le 23 octobre.
— Pendant le confinement, long séjour en Savoie. Lecture de Théophane le Reclus.

2022
— Novembre. A Trécout, début du tournage de Pendant la matière, film réalisé par Raphaël O’Byrne.

2023
— Été. Séjourne avec ses fils, Virgile et David, à San Sebastiano da Po dans le château de son ancêtre.
— Novembre. Crée Les Personnages de la pensée au Théâtre de La Colline.

etc.

Valère Novarina a reçu les prix suivants : prix de catéchisme (Morzine, 1949), prix de français (1956), prix de philosophie (1959), prix Ibsen, prix Marguerite Duras pour L’Origine rouge (2003), Grand prix du théâtre de l’Académie française (2007), Prix de la meilleure création d’une pièce en langue française du Syndicat de la critique pour Le Vrai sang (2010-2011), prix Jean Arp de littérature francophone (2011), Grand Prix de Littérature Paul Morand de l’Académie Française (2020).

Pour une biographie plus complète : cf. Gérard-Julien Salvy, « Vie de Valère Novarina », TXT, n° 12, 1980 ; repris dans Valère Novarina. Théâtres du verbe, Alain Berset dir., Paris, Corti, 2001.