Écrivain, peintre, metteur en scène

L’ORIGINE ROUGE

publié chez P.O.L. en 2000.

LE PERSONNAGE DU CORPS.
Je nie que je tiens quoi que ce soit qui tienne dans ma main ; je nie que je tienne une main comme ci - qui tiendrait au bout de celui-ci mon bras ; je nie qu’elle soit mienne et cependant elle est mienne, même quand je nie que je la parle  : et je nie que je la parle !
LE CONTRESUJET
Ce que nous pouvions faire : nous l’avons dit ! Ce que nous ne pouvions dire nous nous en sommes abstenus.
JEAN TERRIER.
Ije, je nie que je suis ; ma main, je la nie ; je nie que je la tienne et cependant elle est mienne - mais je nie que je la tiens. Hé toi, oui toi ! est-elle à toi ? En toi ?
LE CONTRESUJET
Tu nies que tu la tiennes et cependant elle n’est pas la nôtre.
LE PERSONNAGE DU CORPS.
Je nie être une personne à face d’homme en face de vous qui vous apparaît.
L’ÉVANGÉLISTE.
Le langage ne nous exprime pas, Daniel il nous agit.
JEAN TERRIER.
Je nie ma mort ; je nie profondément ma mort mais j’y crois. Je nie être une personne. Ni un être en bois de moi.
LE PERSONNAGE DU CORPS.
Vieux mort, retourne faire du vivant sur la
terre coutumière.
JEAN TERRIER.
Pourquoi autrui me singe-t-il ?

au théâtre

L’Origine rouge

L’Origine rouge, texte, mise en scène et peintures de Valère Novarina, a été créé le 9 juillet 2000 au Festival d’Avignon. Reprise au Théâtre de la Colline dans le cadre du Festival d’Automne, avec Michel Baudinat, Didier Dugast, André Marcon, Laurence Mayor, Dominique Parent, Dominique Pinon, Agnès Sourdillon, Leopold von Verschuer, Daniel Znyk et Christian Paccoud.

Der rote Ursprung, création allemande de L’Origine rouge, mise en scène et traduction de Leopold von Verschuer, musique de Webtisch Geiser d’après Christian Paccoud, Theater am Neumarkt, Suisse, Zurich.


lecture

Der rote Ursprung (L’Origine rouge) traduit et lu par Leopold von Verschuer, dans le cadre de l’événement "Lange Nacht der Autoren", Allemagne, Bremen, Bremer Theater, 10 novembre 2001.